Retour sur la COP29 : marchés carbone, initiatives locales et engagement québécois
La COP29, qui s’est tenue du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, a réuni des leaders mondiaux, des entreprises et des institutions pour discuter des progrès réalisés dans la lutte contre le changement climatique. L’événement a été marqué par des tensions et des désaccords, mais aussi par des avancées significatives, bien que mitigées.
Au cœur des discussions : le financement climatique, avec l’adoption d’un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) visant à mobiliser 300 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement d’ici 2035, soit trois fois plus que l’objectif initial fixé en 2009. Si cet accord représente une avancée, de nombreux pays du Sud global, tels que Cuba, l’Inde, la Bolivie et le Nigéria, ont exprimé leur mécontentement, soulignant que ces engagements sont loin d’être suffisants face aux besoins réels du terrain.
COP29 : adaptation et financement au cœur des débats
Au-delà des discussions sur le financement, l’accent a également été mis sur l’adaptation climatique. Alors que les prévisions indiquent que 2024 pourrait devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée, la question de l’adaptation n’est plus secondaire, mais prioritaire. Un rapport publié durant la COP29 a révélé un déficit de financement pour l’adaptation, estimé entre 187 et 359 milliards de dollars par an.
Cette réalité a renforcé l’appel à des solutions innovantes pour mobiliser des fonds et à une meilleure collaboration entre acteurs publics et privés. Des institutions comme FinDev Canada ont plaidé pour l’utilisation de mécanismes financiers flexibles, tels que les monnaies locales, pour soutenir les projets dans les pays vulnérables. Toutefois, l’absence d’engagements clairs sur les pertes et préjudices liés aux catastrophes climatiques a suscité des critiques, notamment de la part des pays les plus vulnérables.
Malgré ces limites, la société civile, notamment au Québec, a démontré une mobilisation exemplaire, jouant un rôle central dans les négociations. Cet élan de solidarité et de volonté d’agir rappelle que chaque COP est une étape cruciale pour maintenir la pression sur les décideurs et pousser à des engagements plus ambitieux.
L’adoption des règles des marchés carbone : une avancée importante mais perfectible
L’un des moments clés de cette COP29 a été l’adoption des règles de l’article 6 de l’accord de Paris, qui régit les marchés carbone. Ce mécanisme, attendu depuis près de neuf ans, vise à structurer les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises pour accélérer la décarbonation globale.
Deux systèmes principaux : coopération et marché international
L’article 6.2 introduit un cadre pour les échanges bilatéraux entre États, permettant de comptabiliser les réductions d’émissions dans les objectifs climatiques nationaux. À ce jour, plus de 90 contrats bilatéraux ont été signés, notamment entre la Suisse et des pays comme la Thaïlande, le Ghana ou le Vanuatu, pour financer des projets comme la conversion de bus conventionnels en bus électriques.
L’article 6.4, quant à lui, crée un marché international régulé par un organisme des Nations unies, remplaçant l’ancien système du protocole de Kyoto. Les projets, validés à la fois par l’ONU et par les pays hôtes, génèrent des crédits carbone échangeables par des États, des entreprises ou même des individus. Une partie des revenus de ces transactions sera affectée au Fonds d’adaptation de l’ONU pour soutenir les pays les plus vulnérables.
Des garde-fous insuffisants ?
Si ces mécanismes représentent une avancée majeure, des critiques persistent. Le risque de double comptage, l’insuffisance des contrôles sur la qualité des crédits et la durabilité des projets, notamment dans les initiatives forestières, ont été soulignés. Par ailleurs, le transfert d’anciens crédits issus du protocole de Kyoto dans le nouveau système pourrait affaiblir l’intégrité du marché.
Chez Coop Carbone, nous saluons l’adoption de ces règles tout en rappelant la nécessité de renforcer les garde-fous. Ces marchés carbone doivent impérativement garantir des réductions réelles, additionnelles et mesurables des émissions. Nous voyons également une opportunité pour le Québec de se positionner comme un modèle de marché carbone crédible et innovant.
SPEDE et programmes de compensation volontaires : des outils concrets et crédibles pour réduire les GES au Québec
Le Québec a été l’une des premières provinces canadiennes à adopter un marché du carbone, établissant le SPEDE (Système de plafonnement et d’échange des émissions) en 2013.
Ce système impose un plafond aux émissions de gaz à effet de serre (GES) des entreprises les plus émettrices, les obligeant à détenir des crédits carbone équivalents à leurs émissions. Les entreprises peuvent échanger ces crédits, créant ainsi un marché qui incite à la réduction des émissions et à l’innovation en matière de technologies propres.
Coop Carbone joue d’ailleurs un rôle clé dans l’accompagnement des entreprises pour optimiser leur participation à ce système, que ce soit à travers des stratégies de réduction ou d’achat de crédits carbone conformes aux exigences strictes du SPEDE.
Un programme volontaire exclusif pour aller plus loin
Pour les entreprises et organisations non assujetties au marché réglementé, Coop Carbone propose un programme de compensation volontaire exclusif, basé sur le système d’échange du SPEDE. Ce programme offre la possibilité de retirer des unités d’émissions du marché réglementé, faisant en sorte de réduire le volume d’unités d’émissions disponibles.
Des programmes de compensation innovants
Nous défendons aussi d’autres programmes de compensation innovants existants, notamment en solutions fondées sur la Nature. Coop Carbone s’associe d’ailleurs aux efforts de l’Alliance Québécoise Climat Nature pour promouvoir des projets de compensation carbone sérieux et alignés avec les meilleures pratiques éthiques du marché.
Conclusion : agir ensemble pour un avenir durable
Les discussions de la COP29, et en particulier les avancées sur l’article 6, soulignent l’importance des marchés carbone comme outils essentiels pour réduire les émissions mondiales. Chez Coop Carbone, nous croyons fermement que les mécanismes financiers comme les crédits carbone, bien qu’ils puissent sembler abstraits, prennent tout leur sens lorsqu’ils soutiennent des projets concrets et mesurables, au bénéfice des Québécois et dans l’intérêt collectif. C’est à concevoir ces projets et modèles d’affaires innovants que s’attèlent nos membres travailleurs avec de nombreux partenaires.
Enfin, il est essentiel de rappeler que la compensation carbone se doit d’être l’étape finale dans une démarche de réduction des GES. Tout commence par une meilleure compréhension et mesure de son impact environnemental, notamment grâce à des outils comme le guide de portée 3 que nous avons développé. Réduire son empreinte avant de compenser, c’est garantir l’efficacité et l’intégrité de nos efforts collectifs. N’hésitez pas à solliciter notre équipe de quantification concernant vos besoins.
Continuons à agir ensemble pour bâtir un Québec plus vert, plus équitable et exemplaire, où chaque action, même locale, participe à un changement global.
Nicola Potvin
Directeur du développement et des communications
Coop Carbone