Retournzy Coop a le vent dans les voiles. Que de chemin parcouru depuis trois ans pour la petite équipe de cinq personnes qui veut aider les organisations à faire la transition vers le réutilisable afin de réduire les déchets à la source ! Elle propose un service clé en main de location, livraison, collecte, lavage et assainissement d’items réutilisables. En pleine croissance, la coopérative de Montréal a désormais son nouveau centre de lavage, affectueusement appelé l’Usinette de lavage, dans Villeray ; La Coop a diversifié et identifié les secteurs d’activité avec qui elle travaille bien.
« On est à une étape où il faut consolider nos processus, tout en envisageant de les reproduire à l’extérieur de l’île de Montréal, car on est contacté par d’autres entreprises pour reproduire le modèle ailleurs », explique Geneviève Bélanger Villanueva, chargée des communications. Et ce n’était pas gagné d’avance !
Crédit photo : Retournzy Coop
Lancée en mars 2022, Retournzy arrivait au moment où le marché des plats à emporter a explosé alors que les restaurants étaient obligés de fermer leurs salles à manger. Cette situation a engendré davantage de déchets non-réutilisables. La question se posait comme citoyen : comment encourager les restaurateurs sans générer autant de déchets ?
Pas simple cependant, de transformer ce problème en opportunité. En effet, Retournzy avait une double contrainte au milieu de cette pandémie : elle proposait de changer les habitudes, autant des consommateurs que des restaurateurs, mais aussi d’adopter et d’utiliser un nouveau modèle d’affaires avec du matériel consigné.
Ainsi, toute l’équipe fondatrice était en mode collaboratif : du choix du modèle de contenants à proposer, aux aspects de la logistique (livraison, collecte et lavage), en passant par le montant de la consigne, le démarchage d’affaires et la construction d’un réseau de partenaires.
Crédit photo : Retournzy Coop
« On a constaté qu’il y avait une demande pour les services de traiteur et l’événementiel, surtout auprès d’entreprises qui sont dans une démarche de développement durable. Enfin, l’industrie du prêt-à-manger se tourne également vers les contenants réutilisables pour servir leurs clients », constate-t-elle.
« En 2023, nous avons commencé à travailler avec plusieurs traiteurs d’économie sociale comme Resto Plateau, La Place Commune ou encore Les Petites Mains. Au niveau événementiel, nous avons fourni notre service à des organismes culturels, sportifs et d’affaires. Parmi eux, on retrouve la TOHU, le festival de musique Live at Lost River, un colloque de Tourisme d’Affaires Québec ou encore le Triathlon de Montréal. Enfin pour le prêt-à-manger, nous travaillons notamment avec Kale Fait Maison et Billy, j’ai faim. »
La coopérative démarche de plus en plus ces nouveaux segments où elle peut avoir un plus gros impact. Dans les restaurants, il y a beaucoup d’enjeux qui limitent l’utilisation des contenants réutilisables (roulement de personnel, consigne, compréhension du modèle et surtout le changement d’habitudes pour les employés et les consommateurs).
Au chapitre de la mobilité durable, Retournzy a été accompagnée par MOBIS, l’accélérateur de Coop Carbone. En totale cohérence avec leur démarche de développement durable, l’équipe ne voulait pas ajouter des camions dans les rues de Montréal. Dès le premier jour des opérations, il était évident que les livraisons se feraient le plus possible à vélo et déjà, la nécessité d’optimiser les trajets était déjà à l’esprit. « Gabriel Michaud, chargé de projet, nous a conseillé sur le type de vélo le plus adapté et dans quel type de remorque il fallait investir », explique Geneviève. Depuis, l’utilisation du vélo est partagée parmi les membres de l’équipe. Aussi, une rampe à vélo a été installée sur leur quais de chargement.
À travers ses activités, les membres de l’équipe sensibilisent de nombreuses personnes à la problématique des déchets à usage unique en participant à des panels, en allant présenter Retournzy dans des classes d’universités ou encore en allant dans des événements de réseautage lié à l’entrepreneuriat, le tourisme et l’économie circulaire et sociale.
« Nous nous faisons contacter presqu’à chaque session par des étudiants qui veulent travailler sur Retournzy dans le cadre d’un de leur cours et nous acceptons à chaque fois ». Pour la coopérative, c’est également une façon de sensibiliser les jeunes, tout en s’enrichissant de leur travail qui est très pertinent.
À terme, l’objectif de Retournzy est d’être rentable. Entre temps, la coopérative a encore besoin de l’aide des pouvoirs publics, comme celle de l’administration municipale. Pour Geneviève, il y a encore beaucoup à faire : « La Ville doit apprendre à s’adapter à de nouveaux modèles ; il y a aussi l’enjeu de trouver des locaux adéquats. Ça, c’est une question d’urbanisme. Aussi, quant aux contenants réutilisables, combien de fois ils doivent être utilisés, dans quelles conditions, comment prévoir l’avenir sans tomber dans le greenwashing ?».
Bref, leur travail fait partie d’un grand tout, notamment dans le cadre de l’ambitieux projet de la Ville de Montréal qui veut « détourner 85 % des matières résiduelles de l’enfouissement d’ici 2030, avec la cible intermédiaire de 70 % d’ici 2025 ».
(La Presse, https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2019-10-17/montreal-vise-le-zero-dechet-pour-2030).
Visitez leur page LinkedIn ou leur site web : www.retournzy.ca
