Milebox lance cet été la nouvelle édition de son vélo-cargo biporteur (2 roues) avec une solution logicielle intégrée, qui permettra de récolter des données précieuses pour les compagnies de livraison. C’est le premier véhicule du genre sur le marché. L’idée est d’offrir un service global pour la livraison du dernier kilomètre.
« Cette troisième version facilite l’assemblage, sa fabrication et son entretien. C’est le fruit de nombreuses itérations et des retours de nos clients depuis 1 an et demi. Ce sont des améliorations pour l’utilisateur et ça, c’est super important », souligne Gabriel Valiquette-Savoie, responsable Développement de produit chez Milebox. Objectif: produire une machine de guerre quatre saisons pour les secteurs industriels et du transport de marchandises, où la durabilité fait une différence.
À l’automne 2023, la startup de Montréal s’était lancée dans la production de vélos-cargos électriques en Amérique du Nord. Depuis, 25 Milebox sont en train de rouler sur les routes du Québec et d’Amsterdam. Cette année, l’équipe vise à en produire 75 de plus. Ce sont des véhicules pensés en fonction des besoins des transporteurs : pour une utilisation intensive par quart de travail, capables de faire 15 000 kilomètres par année et de transporter 600 litres, qui durent 4–5 ans, avec une solution logicielle de logistique intégrée. Andy Nehme, le nouveau PDG, et M. Valiquette-Savoie, désirent même offrir un vélo capable de tenir 100 000 kilomètres par an. Objectif ambitieux donc!
L’intégration de la solution logicielle est Game Changer. « Il n’y a pas de solution technologique pour la gestion de flottes de vélos actuellement. Il y a un vide et on se concentre sur ça », précise M. Valiquette-Savoie. Cet outil numérique doté d’un GPS permettra de récolter des données sur le vélo, mais aussi sur les déplacements, les potentiels d’accident. Il centralise cette information pour faciliter la gestion de la flotte, son entretien et sa durabilité.
Depuis un an, l’équipe travaille sur ce module branché sur le système électrique du vélo. En janvier dernier, le nouveau bébé a été montré au Consumer Electronics Show (CES), le plus important salon consacré à l’innovation technologique en électronique, à Las Vegas.
Aussi, il offre les avantages du routage dynamique. Avec les données récoltées, on peut planifier l’itinéraire de la route des livreurs, optimiser la durée et la consommation énergétique de la batterie pour une autonomie plus grande l’hiver, mais aussi vérifier l’épaisseur des disques, l’étirement de la chaîne, l’usure des pneus, etc. « On suit l’état du vélo dans le temps », souligne-t-il. La vision est que leur solution technologique soit agnostique, c’est-à-dire, qu’elle s’adapte à tous les autres types de véhicules (motos, voitures, camions).
Quand on pense aux hivers rigoureux québécois, on s’attend à un produit solide. La durabilité est pensée pour chaque pièce du véhicule. « Notre dernière version intègre des freins qui devraient repousser leur entretien après 15 000 kilomètres d’utilisation au lieu de 3 000 kilomètres en ce moment. C’est une technologie du monde de la moto, compatible avec le vélo. »
Côté système électrique, encore là, le maître mot est durabilité : « On s’est tourné vers l’automobile pour trouver des solutions pour le connecteur, la protection contre les intempéries et l’eau. »
Ce qui distingue les Milebox également, c’est l’utilisation d’un moteur roue plutôt qu’un moteur au pédalier. « Dans le cas d’un moteur roue (dans la roue arrière), il n’y a aucune usure de la transmission du vélo. Donc, ça réduit les temps d’entretien. En cas de problèmes mécanique, moteur ou électrique, c’est simple de changer la roue et on repart aussitôt. »
Enfin, leur vélo-cargo est un biporteur avec une boîte à l’avant. « L’objectif est qu’on puisse transporter le plus de volume possible, soit 600 litres : C’est vraiment gros ! C’est l’équivalent d’un coffre de voiture berline ou d’un petit SUV »
Dès le début, l’équipe et les investisseurs de Milebox ont tenu à concevoir et à produire localement le plus possible. « Ça demande beaucoup d’efforts, mais ça permet d’utiliser du développement et de la gestion de projet qui sont plus proches du développement logiciel. Donc, on travaille par itération. En cas de modification, c’est relativement facile pour nous d’implanter une solution rapidement. On travaille avec des ingénieurs d’Innovobot, qui nous aident régulièrement. On est deux, mais on travaille beaucoup avec des partenaires externes. »
Pour certaines pièces de vélo, il est quasiment impossible d’avoir de l’approvisionnement local. En revanche, le cadre des vélos est fait avec de l’aluminium québécois et la roue arrière vient de Colombie-Britannique.
« On réfléchit à des solutions adaptées aux besoins et réalités de nos clients ». Parmi eux se trouvent les transporteurs Nationex et Intelcom. Selon M. Valiquette-Savoie, le partenariat avec Nationex a été fructueux : « On a eu beaucoup de retours de leur part avec le prêt de 4 vélos. À Montréal, ils ont été utilisés cet hiver, au Black Friday et aux temps des fêtes. Ils ont fait le saut vers la livraison à vélo en 2024 et ils ont tiré des conclusions positives pour leurs opérations. »
Quant à Intelcom, l’un des principaux sous-traitants d’Amazon au Québec, un projet pilote est sur le point de démarrer pour la compagnie qui veut accélérer l’implantation de la livraison à vélo dans les villes.
Aussi, un de leur partenaires est l’Intermarché Lagoria, un regroupement de 5 épiceries, utilisent 5 vélos-cargos. « On a fabriqué des boîtes sur-mesure en les isolant, en installant une tablette centrale pour pouvoir empiler des boîtes d’épicerie, sans rien écraser. C’était pour remplacer la livraison par camion aux clients. » Là encore, succès sur toute la ligne : gains de temps et monétaire, agilité et formation rapide des livreurs.
Cinq Milebox à Amsterdam sont utilisés par une compagnie de livraison : « Ils ont beaucoup plus d’expérience dans la livraison à vélo qu’ici. Leurs retours ont pu parfaire notre nouvelle version ». Bien entendu, leur esprit est également tourné vers le marché américain, où ils ont eu une première expérience à Chicago.
« Coop Carbone a fait une différence dans notre progression et c’est un acteur central dans cette transition au Québec, qui amène son lot de défis. Ça prend les espaces pour tester, de l’immobilier pour pouvoir faire des hubs plus centraux dans les villes, comme Colibri. Vous nous avez mis en relation avec beaucoup de monde sur le marché (CycloChrome qui assemble leurs vélos, des compagnies de livraison). Avec vous, les solutions en logistique peuvent être expérimentées afin de valider et de consolider leur proposition de valeur avant d’aller à l’échelle de façon pérenne. »
L’impact de Coop Carbone:
En outre, la réalisation de l’Étude de la chaîne d’approvisionnement du vélo électrique avec Coop Carbone a permis de créer le maillage d’une économie qui est souvent en silo. « C’est sûr que ça a aidé le milieu à créer des liens. On est en concurrence, mais chaque compagnie a ses particularités, méthodes de travail. Mais, il y a moyen de travailler tous ensemble, trouver des solutions et d’amener le changement », conclut Gabriel Valiquette-Savoie.
Ce projet est financé par le ministère des Transports et de la Mobilité durable dans le cadre du programme d’aide MobilisActions.