COP28 sous haute tension

Bonjour à tous,

Alors que nous entrons dans la dernière ligne droite de la COP28 ici à Dubaï, l’atmosphère électrique reflète l’urgence de la situation. Les débats ardus et la tension palpable soulignent l’ampleur des enjeux. Malgré l’opposition persistante des pays pétroliers, dont l’Arabie saoudite et l’Irak, l’élan international pour mettre fin à l’ère des énergies fossiles prend de l’ampleur.

En cette seconde semaine de négociations intensives, il faut rappeler que la COP28 est entrée dans une phase décisive, avec des priorités clés telles que le bilan mondial, le programme de travail sur l’atténuation, le programme de travail sur la transition juste, et l’objectif mondial d’adaptation. Des divergences persistent, avec le Canada dévoilant son cadre sur les émissions et l’OPEP cherchant à entraver les actions sur les énergies fossiles.

Voici ce qui a retenu mon attention en cette 2e semaine intense à la COP28 :

Dans les coulisses des négociations

Le président Al Jaber a lancé un appel pressant à des solutions, mais l’Arabie saoudite insiste sur ses perspectives économiques, jetant ainsi des ombres sur le chemin vers un accord historique. La Chine, souhaitant un accord, s’oppose à l’Arabie saoudite accusée de ralentir les négociations. L’issue dépendra des compromis offerts aux pays émergents, avec un nouveau projet de texte promis pour lundi matin.

Le lobby pétrolier veut en découdre

Près de 2 500 lobbyistes de l’industrie pétrolière sont présents ici à la COP28, cherchant à influencer le débat et à exercer une pression décisive sur les négociations autour du retrait des énergies fossiles. Les négociateurs, investis jour et nuit, cherchent à parvenir à un texte final malgré cette intensité.

Plafonnement des émissions au Canada

Le gouvernement Trudeau prévoit introduire un système de plafonnement et d’échange pour l’industrie pétrolière canadienne afin de respecter les plafonds d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Le système, centré sur des objectifs techniquement réalisables, offrira une certaine flexibilité aux entreprises pétrolières pour s’adapter, par le biais de contributions à des fonds de décarbonation ou de paiement de crédits compensatoires. Le gouvernement estime qu’il permettra de réduire significativement les émissions du secteur pétrolier d’ici 2030, mais des critiques, dont Greenpeace, soulignent des préoccupations quant à la pression de l’industrie et à la nécessité d’efforts plus contraignants.

L’Alberta dans les câbles

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, annonce que la province contestera en justice le plafond proposé par Ottawa pour les émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur pétrolier. Elle accuse le premier ministre Justin Trudeau et le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, de mettre en péril des milliards d’investissements et d’ignorer la compétence de la province. Le plan fédéral prévoit que l’industrie pétrolière et gazière réduise ses émissions d’un tiers d’ici 2030 ou achète des crédits de compensation. La ministre provinciale de l’Environnement, Rebecca Schulz, critique les hypothèses du plan et le compare au programme énergétique national des années 1970. La Régie canadienne de l’énergie indique que les émissions de gaz à effet de serre de l’Alberta ont augmenté de 19 % entre 2005 et 2020.

Roulement de tambour… L’Alberta remporte le prix Fossile du jour

Le 6 décembre dernier, un réseau international de groupes environnementaux, le Réseau Action Climat, a décerné le «Fossile du jour» à l’Alberta lors des réunions sur le climat COP28 à Dubaï. Cette «reconnaissance» est attribuée en raison de la présence de l’Alberta aux réunions avec un entourage de dirigeants du secteur pétrolier et gazier, de l’omission d’informer les communautés autochtones des fuites d’une mine de sables bitumineux, et de la suspension des approbations pour les énergies renouvelables (oui vous avez bien lu, c’est honteux).

Annonces clés et engagements

Des déclarations nationales, des engagements du Canada sur les pertes et préjudices, et des initiatives novatrices, dont la comptabilisation du capital naturel, ont marqué la journée de travail du 9 décembre. Des marches mondiales pour la justice climatique, des déclarations conjointes, et l’adhésion de la Chine à la High Ambition Coalition illustrent la dynamique en cours.

Québec va coprésider une coalition pour la sortie du pétrole et du gaz

Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, annonce que la province assurera la coprésidence de la Beyond Oil & Gas Alliance (BOGA), une coalition internationale visant la sortie progressive de la production d’énergies fossiles. Le Québec prend cette responsabilité à un moment où les débats sur ce sujet sont intenses à la COP28 à Dubaï. La BOGA, créée lors de la COP26 en 2021, compte une vingtaine de membres, dont la France, le Danemark, le Costa Rica et la Suède. Le Québec espère que sa coprésidence mobilisera d’autres gouvernements infranationaux et partenaires internationaux engagés dans la restriction de la production de pétrole et de gaz sur leur territoire.

Moment pivot pour les énergies fossiles?

Alors que la société civile appelle à une sortie rapide des énergies fossiles et que des discussions cruciales explorent les enjeux tels que le protocole forêt et le rôle international du Québec, la communauté mondiale se dirige potentiellement vers un tournant historique. Rien n’est encore joué, mais il nous reste peu de temps pour ajuster le cap… Les enjeux sont immenses, mais l’espoir d’un avenir plus durable persiste.

 

Nicola Potvin
Directeur du développement et des communications
Coop Carbone

crédit photo: https://government.economictimes.indiatimes.com/